Page:Fabre - Souvenirs entomologiques edition7 Serie 9.djvu/339

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
333
LE SCORPION LANGUEDOCIEN

pion, est donc la seconde quinzaine de juillet. À partir de là tout est fini. Cependant, parmi les hôtes de la cage vitrée, des femelles me restent, aussi bedonnantes que celles dont j’ai obtenu le part. Je comptais sur elles pour un accroissement de population, toutes les apparences m’y autorisaient. L’hiver est venu, et nulle d’elles n’a répondu à mon attente. Les affaires, qui semblaient prochaines, sont différées à l’année suivante : nouvelle preuve d’une longue gestation, bien singulière dans le cas d’un animal d’ordre inférieur.

Dans des récipients de médiocre étendue, qui rendent plus aisés les scrupules de l’observation, je transvase isolément chaque mère et son produit. À l’heure matinale de ma visite, les accouchées de la nuit ont encore sous l’abri du ventre une partie des petits. Du bout d’une paille écartant la mère, je découvre, dans l’amas des jeunes non encore hissés sur le dos maternel, des objets qui bouleversent de fond on comble le peu qu’à ce sujet les livres m’ont appris. Les Scorpions, dit-on, sont vivipares. L’expression savante manque d’exactitude ; les jeunes ne viennent pas directement au jour avec la configuration qui nous est familière.

Et cela doit être. Comment voulez-vous que des pinces tendues, des pattes étalées, des queues recroquevillées, puissent s’engager dans les défilés maternels ? Jamais l’encombrant animalcule ne franchirait les étroites voies. Forcément il doit venir au monde empaqueté et sobre d’espace.

Les résidus trouvés sous les mères me montrent, en effet, des œufs, de véritables œufs, pareils, de guère s’en faut, à ceux que l’anatomie extrait des ovaires à une époque de gestation avancée. L’animalcule, éco-