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SOUVENIRS ENTOMOLOGIQUES

inféconds entraînés avec les autres dans le flux général. Pas un débris ne reste des loques inutiles maintenant : le tout est rentré dans l’estomac de la mère, et le point du sol qui a reçu la ponte est d’une netteté parfaite.

Voici donc les jeunes minutieusement épluchés, nets et libres. Ils sont blancs. Leur longueur, du front au bout de la queue, mesure neuf millimètres chez le Scorpion languedocien, et quatre chez le noir. À mesure que la toilette libératrice est terminée, ils montent, maintenant l’un, maintenant l’autre, sur l’échine maternelle, en se hissant sans grande hâte le long des pinces, que la Scorpionne maintient couchées à terre afin de faciliter l’escalade. Étroitement groupés l’un contre l’autre, emmêlés au hasard, ils forment sur le dos de la mère nappe continue. À la faveur de leurs griffettes, ils ont assez solide installation. On éprouve quelque difficulté à les balayer du bout d’un pinceau sans brutaliser quelque peu les débiles créatures. En cet état, monture et charge ne bougent ; c’est le moment d’expérimenter.

La Scorpionne vêtue de ses petits assemblés en mantelet de mousseline blanche est spectacle digne d’attention. Elle se tient immobile, la queue hautement convolutée. Si j’approche de la famille un fétu de paille, à l’instant elle lève les deux pinces dans une attitude courroucée, rarement prise lorsqu’il s’agit de sa propre défense. Les deux poings se dressent en posture de boxe, les tenailles s’ouvrent toutes grandes, prêtes à la riposte. La queue rarement est brandie ; sa brusque détente commotionnerait l’échine et ferait peut-être choir une partie de la charge. La menace des poings suffit, hardie, soudaine, imposante.

Ma curiosité n’en tient compte. Je fais choir l’un des