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XXIV

LA DORTHÉSIE

Après l’exode des petits, quand elle abandonne sa cabine de molleton, épaisse d’un demi-travers de doigt, si chaude et si douillette, mais encombrée de ruines qui gêneraient une seconde famille, la Clotho va manufacturer ailleurs un léger hamac avec ciel de lit, un chalet économique où se passera le reste de la bonne saison. Celles qui ne sont pas encore nubiles n’exigent pas davantage contre les rudesses de l’hiver ; leur robuste endurance est satisfaite d’une tente de mousseline sous l’abri d’une pierre.

Au contraire, vers le déclin des chaleurs, les matrones se hâtent d’amplifier et d’épaissir le logis ; elles y prodiguent le contenu de leurs réservoirs à soie, qu’ont gonflés les chasses des belles nuits d’été. Lorsque séviront les frimas, elles trouveront, sans doute, en ces somptueux manoirs plus de bien-être que dans les mesquins chalets du début ; néanmoins ce n’est pas précisément pour elles qu’elles construisent, mais bien à l’intention des fils attendus, et dès lors les parois ne sont jamais assez solides, et les matelas assez moelleux.

Le superbe ouvrage de la Clotho est avant tout un nid, auprès duquel les conques du pinson et du serin ne sont que rustiques bâtisses. La mère, il est vrai,