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SOUVENIRS ENTOMOLOGIQUES

Comment esl-il parvenu dans le coffre-fort, de partout blindé de corne impénétrable ? À coup sûr, il a été introduit en germe par la voie de la boutonnière d’où pleure le sirop. Une mère est survenue qui, trouvant le pertuis, a pris une lampée, puis, se retournant, a plongé son oviducte. Sans violence, voici l’ennemi dans la citadelle.

Il appartient à la tribu des Chalcidiens, zélés fouilleurs d’entrailles. Très expéditif en besogne, il acquiert la forme adulte et sort de la coque dans les premières semaines de juin. C’est un géant par rapport aux fils du Kermès ; il a deux millimètres. L’étroite lucarne par où s’est faite l’introduction du germe ne pouvant plus maintenant lui donner passage, le reclus, de sa dent acérée et patiente, s’ouvre une porte de sortie à travers la paroi, si bien que la coque est finalement percée d’autant d’ouvertures rondes qu’il y avait de convives. Eux partis, le coffret est vide ; rien ne reste de la plantureuse omelette.

Ce ravageur d’ovaires est d’un noir-bleu foncé. Des ailes sombres, concaves, étroitement rabattues en manière de mantelet élytral, lui donnent une vague apparence de coléoptère. Tête aplatie, débordant de droite et de gauche le corselet ; mandibules puissantes comme il convient pour forer la coriace muraille. Antennes longues, sans cesse vibrantes, coudées, un peu renflées au bout et ornées d’un anneau blanc. Courtaude et trapue, prestement la bestiole trottine ; elle se lustre les ailes, se brosse les antennes, tout heureuse d’avoir vidé le ventre d’un Kermès. A-t-elle un nom dans nos catalogues ? Je l’ignore et me soucie médiocrement de le savoir. Une étiquette en latin barbare ne renseignerait