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SOUVENIRS ENTOMOLOGIQUES

l’Épeire un espace correct, où, par degrés réguliers, elle puisse disposer son fil spiral. En outre, elle ne doit pas laisser de vides où la proie trouverait des issues.

Experte en ces matières, l’Araignée a bientôt reconnu les recoins qu’il importe de combler. D’un mouvement alternatif, dans un sens, puis dans l’autre, elle y pose, sur l’appui des rayons, un fil qui brusquement se coude par deux fois aux confins latéraux de la région défectueuse et décrit un trait en zigzag ayant quelque analogie avec l’ornement appelé grecque.

De partout voici les angulosités garnies de grecques de remplissage ; le moment est venu de travailler à l’essentiel, au lacs captateur pour lequel tout le reste n’est qu’un support. Agrippée d’une part aux rayons, d’autre part aux traverses de la spirale auxiliaire, l’Épeire fait en sens inverse le trajet qu’elle a fait en posant cette spirale ; elle s’éloignait du centre, maintenant elle s’en rapproche, et par des circuits plus serrés, plus nombreux. Elle part de la base de la spire auxiliaire, non loin du cadre.

Ce qui suit est d’observation pénible, tant les mouvements sont prestes et saccadés. C’est une suite de petits élans brusques, d’oscillations, de courbettes qui déconcertent le regard. Il faut une attention soutenue et des examens répétés pour démêler un peu la marche du travail.

Les deux pattes postérieures, outils de tissage, sont en continuelle activité. Désignons-les d’après leur position sur l’atelier. J’appelle patte intérieure celle qui fait face au centre de l’enroulement lorsque l’animal chemine ; et patte extérieure celle qui se trouve en dehors de cet enroulement.