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Passons de l’abstrait au concret. Soyons nous-mêmes ces observateurs liés au système particulier qui est notre continu et cherchons une expression de la loi qui nous parait universelle, c’est-à-dire la loi de la gravitation, en la considérant comme une propriété de ce continu. Ce continu, même considéré comme défini ainsi par réciprocité en fonction de la loi la plus générale que nous connaissions, ne saurait évidemment être, partout où nous concevons son existence, identique à lui-même (je veux dire, jouir de propriétés exactement toutes les mêmes en qualité, degré ou grandeur) ; par exemple, il doit prendre sa pleine signification nouvelle au voisinage des masses où la gravitation se fait particulièrement sentir ; par contre, loin de tout corps gravitant, il doit devenir sensiblement homaloïdal, c’est-à-dire que sa dynamique ne doit plus reconnaître le champ de gravitation et que les axes naturellement choisis y doivent être rectangulaires et en mouvement uniforme. Une des tâches que s’imposera Einstein sera justement de définir la variation du continu considéré. Il y parviendra par l’introduction de coefficients différentiels dans l’expression de la loi universelle : suivant l’ordre des infiniment petits par quoi s’exprimera l’influence de la gravitation, le continu se transformera. En ce sens, on peut dire qu’il y a, non pas un espace, mais une infinité d’espaces se transformant insensiblement les uns dans les autres