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gement », par exemple, est une chose ; la science en est une autre. La première établit la définition, la provenance et la critique des idées de temps et d’espace ; la deuxième traite des manifestations empiriques. La réflexion nous donne ici l’occasion de voir une fois de plus combien nos impressions premières sont fausses et que le sens commun est trompeur.

Qu’est en effet le temps scientifique sinon une monstruosité conventionnelle ? Les définitions classiques nous le présentent en dernière analyse comme absolu, infini, uniforme et vide.

Nous venons de voir avec quelque étonnement qu’il est relatif et n’est pas uniforme. Était-il besoin d’attendre Einstein pour y songer ? Ne savons-nous pas que tout temps réel est relatif aux mouvements qu’il mesure ? Et dire qu’il est uniforme n’est-ce pas prendre une définition pour une réalité, un postulat pour une certitude ?

Il faudra peut-être qu’Einstein ou un autre nous frappe par un coup d’éclat pour nous montrer également que le temps ne saurait être infini que par un décret de notre volonté, car il ne soumet à notre expérience que des lambeaux et ne saurait être vide puisqu’il ne nous apparaît jamais qu’en fonction du mouvement.

Quelles que soient les merveilleuses conséquences des théories einsteiniennes, n’oublions pas que le savant parle d’un temps abstrait dont il donne des interprétations physiques.