Page:Fabre d’Églantine - Le Philinte de Molière, 1878.djvu/11

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Et s’il tombe un malheur, c’est sur les bonnes âmes.

PHILINTE.

Vous verrez qu’au milieu des rochers et des bois,
Sévère défenseur de la vertu, des lois,
Il se sera mêlé, je gage, en quelque affaire,
Ou dans quelque débat dont il n’avait que faire.

DUBOIS.

Monsieur l’a deviné. C’est son cœur excellent…

PHILINTE.

Oh ! Voilà mon censeur austère et violent…

DUBOIS.

Tout ceci vient d’un champ, près d’une métairie,
Qui depuis fort longtemps est dans sa seigneurie.
Et pour le conserver… mon maître a tant de mal !
Le champ n’est pas à lui… Non vraiment… C’est égal ;
Tout comme le sien propre il cherche à le défendre.
Les enragés, voyant qu’ils ne pouvaient le prendre,
L’ont voulu saisir, lui… Douze ou quinze sergents
Sont venus l’arrêter…

ÉLIANTE, alarmée.

Sont venus l’arrêter…Votre maître !…

DUBOIS.

Sont venus l’arrêter…Votre maître !…Ses gens
Ont écarté bientôt toute cette canaille :
Et lui de se sauver. Enfin, vaille que vaille,
Il fuit, pour aller loin dévorer son souci ;
Et, pour vous embrasser, il passe par ici.

ÉLIANTE.

Et quand arrive-t-il ?

DUBOIS.

Et quand arrive-t-il ? Mais, de la nuit dernière,
Nous sommes dans l’hôtel. La chose est singulière ;
Vous y logez aussi. L’on m’a dit : « Demandez… »
Car vous avez deux noms, à présent. Attendez…
On vous nomme monsieur… Monsieur… D’abord j’oublie
Les noms. Quoi qu’il en soit, l’hôtesse, fort jolie,
Qui me voyait courant depuis le grand matin,
Et qui sait vos deux noms, m’a dit…