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ACTE DEUXIÈME


Scène I

DUBOIS, L’AVOCAT.
DUBOIS.

Mon maître est sur mes pas : bientôt vous l’allez voir.
Mais, monsieur l’avocat, voulez-vous vous asseoir ?

L’AVOCAT.

Non, car je suis pressé. Retournez, je vous prie.
Comme, dans ce moment, le temps me contrarie,
Dites à votre maître, en grâce, de hâter
L’entretien qu’il demande.

DUBOIS.

L’entretien qu’il demande.Oui, je vais l’exciter
(Il va et vient.)
À venir… Voyez-vous, certain tracas l’assomme…
Mais vous serez content, car c’est un honnête homme.


Scène II

L’AVOCAT, seul.

Je ne peux retarder un si pressant secours.
Dans deux heures d’ici j’ai rendez-vous, j’y cours ;
Et si l’on me procure une prompte audience,
Mon fripon n’aura pas tout le succès qu’il pense.
Rien n’est tel qu’un fripon, pour démêler d’abord
Le front d’un honnête homme. Et, quelque grand effort
Que j’aie, à son aspect, pu faire sur moi-même,
Le fourbe a démêlé ma répugnance extrême.
Sa lettre me le prouve. Il est aisé de voir
Que, si je ne me hâte, il trompe mon espoir.
Jusques au moindre mot, si je l’ai bien comprise,
Tout y montre son but… Mais que je la relise.