Page:Fabre d’Églantine - Le Philinte de Molière, 1878.djvu/29

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Qui, sans bruit, sans éclat, sans forme de justice,
Manderait devant lui le faussaire impudent,
Pour éclaircir le fait d’un ton sage et prudent,
À prévenir le coup réussirait peut-être.
Je n’hésiterais pas, en ce cas, à paraître.
À mon aspect lui seul, le fourbe confondu,
Tout rempli d’épouvante et se croyant perdu,
Se trouverait sans voix, sans détours, sans défense ;
Et l’aveu de son crime obtiendrait la clémence.

ALCESTE.

Fort bien imaginé ! Je peux vous y servir.

L’AVOCAT.

Inconnu, sans crédit, je ne peux réussir
Dans ce projet sensé, mais dangereux peut-être,
Si, sans ménagement, je me faisais connaître.
On m’en promet ce soir un moyen positif.
J’ai rendez-vous bientôt pour ce pressant motif,
Et voilà les raisons qui m’empêchent de prendre
Tous les soins que de moi vous aviez droit d’attendre.

ALCESTE, vivement.

Ne parlons plus de moi ; c’est pour un autre jour.
Nous nous verrons. Je songe à votre heureux détour,
Pour confondre un méchant… J’ai, je crois, votre affaire.

L’AVOCAT.

Vous, monsieur ?

ALCESTE.

Vous, monsieur ? Grand crédit auprès du ministère.

L’AVOCAT.

Est-il possible ? Vous !

ALCESTE.

Est-il possible ? Vous ! Non pas moi : mes amis.

L’AVOCAT.

Quelle rencontre !

ALCESTE.

Quelle rencontre ! Allez où vous avez promis,
Et revenez, monsieur, s’il se peut, dans une heure.
Je ne sortirai pas, et pour vous je demeure ;
Écrivez votre adresse, ici, pour achever ;