Page:Fabre d’Églantine - Le Philinte de Molière, 1878.djvu/48

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Me saisis de la cause ; et, grâce, à mon talent,
L’effet sera payé, croyez-en ma parole,
Sans quartier, ni retard, ni grâce d’une obole.

ALCESTE.

Serait-il bien possible ?

LE PROCUREUR, avec importance.

Serait-il bien possible ? Et j’ai des amis chauds.

ALCESTE.

Mais savez-vous, Monsieur, que ce billet est faux ?

LE PROCUREUR, faisant le courroucé.

Qu’est-ce à dire ? et quels sont ces discours illicites ?
Prenez garde, monsieur, à ce que vous me dites.
Il y va de bien plus que vous ne le pensez,
À tenir devant moi ces discours insensés ;
Il y va de l’honneur. Comment ! une imposture ?
Il est faux ? Et peut-on nier la signature ?

ALCESTE.

Qu’importe à ce billet, comme à sa fausseté,
La signature enfin, avec sa vérité ?

LE PROCUREUR

Ah ! vous en convenez, même après ce scandale ?
Vous la confessez vraie, exacte, originale ?
Ah ! je suis enchanté de voir, par ce détour,
À qui j’ai, pour le coup, affaire dans ce jour !
Je ne m’étonne plus de cette négligence
De ce maître Phœnix à commencer l’instance.
Digne et belle action d’un homme délicat !
Il s’en charge en secret, et c’est votre avocat !
Prévarication ! collusion perfide !
Mais vous avez en tête un procureur rigide,
Un homme, grâce au ciel, pour ses mœurs renommé,
À poursuivre la fraude en tout accoutumé,
Qu’on ne corrompra pas, dont le regard austère
À la mauvaise foi ne laisse aucun mystère,

ALCESTE, furieux.

Impudent personnage, as-tu bientôt fini ?
Je ne sais qui me lient que tu ne sois banni
Loin de moi par mes gens, et selon tes mérites.