Page:Fabre d’Églantine - Le Philinte de Molière, 1878.djvu/70

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L’AVOCAT, à Philinte.

Modérez, s’il vous plaît, les transports de votre âme ;
Éclaircissons la chose, et nous verrons après.

ALCESTE, à l’huissier.

Eh bien ! lisez, monsieur. Voyons ces beaux secrets.

L’HUISSIER, caricature ; il met ses lunettes, et lit.

« À vous, et cætera… Très humblement supplie
« Ignace-André Robert, disant qu’avec folie
« Au sieur de Valancès il prêta, dans un temps,
« La somme ou capital de six cent mille francs,
« Dont billet dudit sieur joint à cette requête.
« Sur l’avis que déjà, par un trait malhonnête,
« Le susdit débiteur a quitté son hôtel,
« Et ce secrètement, dont un regret mortel
« Survient au suppliant, craintif pour sa créance ;
« Qu’en outre, par abus de trop de confiance,
« Le sieur de Valancès, de ruse prémuni,
« A pris son domicile en un hôtel garni ;
« Lequel dit sieur encor, pendant la nuit obscure,
« A fait, pour s’évader, préparer sa voiture.

ALCESTE.

Quelle horreur !

PHILINTE.

Quelle horreur ! Juste ciel !

ALCESTE.

Quelle horreur ! Juste ciel ! Fut-on plus effronté ?
Et comment ose-t-on de tant de fausseté
S’armer insolemment en face de son juge ?

L’AVOCAT.

Contre de pareils traits il n’est point de refuge.

L’HUISSIER.

Vous plaît-il d’écouter le reste ?

L’AVOCAT.

Vous plaît-il d’écouter le reste ? Poursuivez.

L’HUISSIER, lit.

« Pour que du suppliant les droits soient préservés,
« Vu l’urgence du cas, péril à la demeure,
« Qu’il vous plaise ordonner que, sans délai, sur l’heure,
« Il sera fait recherche, avec gens assez forts,