Page:Fabre d’Églantine - Le Philinte de Molière, 1878.djvu/8

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Il ne faut pas douter de sa précaution
À dominer partout avec prétention :
Qu’importe le succès ? L’erreur n’est jamais grande :
Tout va bien, après tout, pourvu qu’elle commande.

ÉLIANTE.

Pourquoi donc cette humeur ? Philinte, y pensez-vous ?
D’où vient cette colère ? Et quand…

PHILINTE.

D’où vient cette colère ? Et quand…Moi, du courroux ?
Non, madame : je sais que, si je fus le maître
Dans ma maison, c’est vous, oui, vous qui devez l’être
Maintenant.

ÉLIANTE.

Maintenant.Maintenant ?

PHILINTE.

Maintenant.Maintenant ? Votre tour est venu.
Au ministère enfin votre oncle parvenu,
À votre volonté donne un relief étrange ;
Et sur ce grand crédit il faut que je m’arrange.

ÉLIANTE.

Oh ! Que cette querelle est bien d’un vrai mari !

PHILINTE.

Mais point. Je sens très-bien tout ce qu’un favori,
Un oncle tout-puissant, depuis quelques semaines,
Doit donner à nous deux d’influence ou de peines.
Un peu d’ambition m’a gagné, je le sais.
Me voilà, par vos soins, comte de Valancès,
Mais Philinte toujours d’humilité profonde.
Comte de Valancès pour briller dans le monde ;
Mais Philinte, céans, autant qu’il se pourra,
Pour n’y faire, en un mot, que ce qu’il vous plaira.

ÉLIANTE, riant.

Comte de Valencès, mais toujours cher Philinte,
Avez-vous tout dit ?

PHILINTE.

Avez-vous tout dit ? Oui.

ÉLIANTE.

Avez-vous tout dit ? Oui.Voyons : de cette plainte,
De cet excès d’humeur, dites-moi la raison,