Page:Fadette - Les contes de la lune, 1932.djvu/87

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De nouveau à mon poste, la nuit suivante, je remarquai que beaucoup de nouvelles fleurs avaient remplacé les disparues et je reconnus quelques survivantes de la veille. Toutes se taisaient en se laissant balancer par la brise et leur air attentif me frappa. Tendant l’oreille, j’entendis la voix grave d’un très vieux sapin ; j’arrivais à temps pour le début de la conférence.

— « Mes chères sœurs, j’ai assisté hier à une scène disgracieuse qui se termina tragiquement par la mort d’un grand nombre d’entre vous. Vous réfléchirez, j’espère, et vous découvrirez que la vanité, l’inimitié, le dédain empêchent les fleurs, comme les hommes, d’être heureuses.

Vous avez raison de vous réjouir de votre beauté. Le bon Dieu vous la donne pour embellir le monde. Sous des formes diverses, vous êtes toutes belles, mais c’est

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