Page:Faguet - Le Pacifisme.djvu/14

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lui-même, de peuple à peuple les Grecs n’ont, somme toute, reconnu que la force. Socrate, d’après Xénophon, que, du reste, il ne faut pas beaucoup plus croire sur Socrate que Platon lui-même, conseillait de faire le plus de mal possible à ses ennemis vaincus, de les dépouiller de leurs biens et de leur liberté. Le même Xénophon fait parler ainsi son roi idéal : « Prenez ! Tout ce qui est dans la ville vous appartient, corps et biens ; vous serez philanthropes en laissant quelque chose aux vaincus. »

De même Platon — tout au moins à l’égard du Barbare — ne met aucune borne au droit de la guerre.

De même Aristote dit précisément : « La guerre est une espèce de chasse dirigée contre les hommes nés pour obéir et qui refusent l’esclavage ; le fort puise dans sa supériorité le droit de dominer. »

Si l’on voulait chercher quelque chose de l’idée pacifiste chez les Grecs, ce serait chez les Stoïciens et les Cyniques, qui ont, ceux-là une inclination, ceux-ci une tendance assez forte à écarter l’idée de patrie, à se considérer comme citoyens du monde et qui à ce titre peuvent être considérés comme pacifistes passifs, si je puis dire, et j’entends par cela comme des hommes qui ne cherchent aucun moyen d’établir la paix parmi les peuples, mais