Page:Faguet - Le Pacifisme.djvu/362

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qu’il n’est plus le patriotisme du tout, ou ce qu’il s’en faut qu’il ne le soit plus est peu de chose. Il est parfaitement vrai que le patriotisme, à se raisonner, peut s’accroître ; mais, à se raisonner, court encore plus de risques de se détruire. C’est qu’il est un sentiment ; et un sentiment qui devient une idée, comme tous les sentiments ; mais qui, en devenant une idée, risque de trop s’analyser, et, en trop s’a- nalysant, de se détendre. Introduire, pour ainsi par- ler, l’humanitarisme dans le patriotisme, c’est y introduire un dissolvant subtil et redoutable.

Ce même patriotisme international, je le trouve chez M. Gustave Naquet dans le même article que j’ai cité plus haut et qui doit en efTet être cité dans deux chapitres différents de mon livre, puisqu’il est tantôt purement antipatriotique, tantôt mi-parti patriotique, mi-parti humanitaire. M Gustave Na- quet écrit donc : « Enseigner aux enfants à aimer leur patrie, c’est,hélas ! leur apprendre à respecter une discipline odieuse ; c’est leur dire, comme le fait à tout propos l’empereur Guillaume, que le devoir du soldat est de tirer, sans hésitation, sur son père si ses chefs le lui commandent... Nous avons vu en 1870 et les Boërs ont montré au Trans- waal, au contraire, ce que peut faire pour se défen- dre un peuple indiscipliné, mais fort du sentiment de son indépendance et de saliberté. [Il me semble