Page:Faguet - Le Pacifisme.djvu/405

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heurtant les autres, de quoi se sont faites toutes les guerres et de quoi il est extrêmement probable qu’elles se feront dans l’avenir.

Ce qu’on peut prévoir, c’est que l’Europe, pour ne parler que d’elle, continuera d’être emportée dans le grand mouvement où elle est engagée depuis un siècle : les grands empires deviendront plus grands ; les nations faibles seront conquises, et l’Europe ne comptera plus que deux ou trois grandes agglomérations nationales.

On m’arrête pour me dire : ne voyez-vous pas que c’est le contraire : « Les peuples, loin de se grouper et de se fondre, se désagrègent plutôt. Partout on voit des provinces se hausser au rang de patries, des races particulières revendiquer leur autonomie, les unes remuant dans leurs tombeaux, les autres s’agitant dans leurs langes… Norvégien contre Suédois, Flamand contre Wallon, Polonais contre Allemand, Hongrois contre Tchèque, Bulgare contre Grec, l’Europe se divise et se subdivise encore. En vérité, il y avait plus de cosmopolitisme au temps du prince Eugène, du maréchal de Saxe et de Voltaire. » (Hanotaux).

Ceci est très vrai et va très bien contre le pacifisme et le socialisme, et, à cet égard, j’en fais mon profit. Mais cela ne prouverait pas contre la prévision d’énormes agglomérations nationales et d’im-