Page:Faguet - Le Pacifisme.djvu/79

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sait pas reconnaître tout de suite et spontanément sa faiblesse et donner au peuple fort tout ce qu’il demande, auquel cas le peuple fort ne verserait pas une goutte de sang. L’objection vaut peu. Sans doute, dans nos idées, tout peuple par qui la guerre existe, par qui la guerre a lieu, est coupable et le peuple faible qui résiste au peuple fort et qui oblige celui-ci à être cruel est presque aussi coupable que le peuple agresseur. Il l’est un peu moins cependant ; parce que l’autre a choisi un genre d’industrie qui, supposant le meurtre, comportant le meurtre en comptant sur une extrême pusillanimité du peuple voisin, a dans tous les cas un caractère d’immoralité assez marqué. Se dire : « Nous tuerons pour voler et ce sera notre industrie », est signe d’un certain manque de délicatesse ; mais se dire : « Nous ne serons peut-être pas forcés de tuer, tant nos voisins sont lâches », est indélicat aussi, en ce qu’il marque un mépris brutal pour des êtres qui sont en quelque manière vos semblables.

Nous condamnons donc les guerres de pillage comme immorales.

Nous les condamnons aussi comme antiéconomiques ; car elles détruisent plus qu’elles ne créent et elles sont par conséquent une perte pour l’humanité. La guerre de pillage, d’une part, empêche