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LE THÉÂTRE CONTEMPORAIN

connus du tout. Un mot au commencement du second acte, qui deviendrait le premier : « Nous avons perdu ta pauvre mère il y a six mois » remplacerait tout ce premier acte.

Le second acte est d’un ton très juste et très fin. Le père Mirelet installe chez lui une petite cocotte, ce qui peut paraître invraisemblable de la part d’un gros commerçant, mais on nous explique pourquoi. C’est un sentimental ; il aime d’amour profond et attendri cette petite coquine. Chez lui il la tiendra, le retiendra, la couvera, l’aura bien à lui. Soit.

Et en même temps il prie son fils de ne pas le quitter, de venir souvent le voir, d’être aimable avec petite. Cela, encore, n’est pas faux du tout. Cela marque, il est vrai, une absence de moralité très remarquable ; mais c’est précisément ce que veut montrer l’auteur, et que cette camaraderie entre fils et père provient parfaitement d’un manque de moralité. Le père Mirelet est sans dignité, et il est bon. Il tremble de peur que sa liaison ne le brouille avec son fils. Il caresse et retient son fils. Voilà qui est bien saisi.

D’autre part il cherche, et ceci est bien joli aussi, et bien juste, à élever le niveau intellectuel de sa compagne. Il lui apporte des livres, de bons livres : les Soirées de Saint-Pétershourg, Madeleine : ce Tu n’as pas lu Madeleine 9

— Non.

— L’Abbé Constantin, Tu n’as pas lu l’Abbé Constantin ?