Page:Faguet - Pour qu’on lise Platon, Boivin.djvu/107

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Elle consiste à dire qu’il est prudent et d’un intérêt bien entendu d’être honnête ; à quoi l’homme pourra toujours répondre : « J’aime à vivre dangereusement et j’y trouve même une singulière beauté. »

Ou elle consiste à dire : « Il est distingué d’être honnête et vertueux » ; à quoi l’homme pourra toujours répondre : « L’esthétique est affaire de goût comme son nom l’indique, et ce n’est pas dans la vertu et l’humilité que je trouve le beau. » Et c’est ce que Nietzsche a répété toute sa vie.

On sent donc la morale extrêmement frêle et même tout arbitraire quand elle ne dit pas : « tu es obligé. »

Mais qui peut m’obliger et au nom de quoi la morale sera-t-elle obligatoire ? Au nom des hommes ou au nom des dieux. La morale sera sociologique ou théologique, et l’on ne voit pas pour le moment un troisième terme.

Mais dans ces deux cas la morale sera métaphysique essentiellement. Si elle oblige au nom des hommes, au nom de la société dont je fais partie, elles est fondée sur cette idée que je suis obligé à qui m’est utile. Soit, mais jusqu’à quel point ? — Jusqu’au sacrifice. — Ah ! Pourquoi ? Rendre ce qu’on m’a donné et ce qu’on me donne, je l’admets, c’est du droit, c’est du commerce loyal. Rendre beaucoup