Page:Faguet - Pour qu’on lise Platon, Boivin.djvu/113

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même en soi. Le mot de Claude Bernard est toujours vrai : « Je ne sais rien à fond. Évidemment. Si je savais quelque chose à fond, je saurais tout. »

On ne se ramène à la modération qu’en se disant que, si les connaissances particulières sont confuses en restant particulières, elles le deviennent bien plus lorsqu’elles tâchent à devenir générales. Mais les Grecs n’en étaient pas là et s’obstinaient à vouloir expliquer chaque chose par le tout et à poser toujours l’absolu pour en déduire le relatif.

En particulier ils n’avaient jamais eu même l’idée de séparer l’étude de la morale de l’étude des choses divines. Socrate, il est vrai — dont c’est peut-être un irréparable dommage que nous ayons perdu les paroles vraies ; et que ni Socrate ni Jésus n’aient écrit, il est à croire que c’est un des grands malheurs de l’humanité, — Socrate semble bien s’être défié de la métaphysique et avoir voulu se cantonner dans la morale pure ; mais encore, à en juger par son procès, dont Platon a donné un compte rendu qu’il n’a pas pu se permettre de faire par trop infidèle, son enseignement était au moins mêlé, au moins accompagné, d’un peu et peut-être de beaucoup de théologie.

En somme il était, non seulement dans les habi-