Page:Faguet - Pour qu’on lise Platon, Boivin.djvu/132

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De quelque façon qu’on prenne cette théorie, il en restera toujours ceci que la connaissance n’est pas individuelle, qu’elle est un patrimoine commun de l’humanité, laquelle tient ce patrimoine de ses plus anciens ancêtres, lesquels le tenaient, de qui ? Il faut toujours être comme étonné devant l’énigme de la connaissance et convenir qu’elle a quelque chose de mystérieux. Une au moins des explications possibles, et peut-être la plus simple, est que la connaissance est un lointain et confus souvenir ; et même il ne faut pas dire confus. Que ce soit l’âme individuelle qui se souvienne quand elle croit apprendre ou comprendre, ou que ce soit l’âme commune de l’humanité qui se souvienne de la sorte et qui en chaque homme réveille, et très facilement, ses souvenirs à peine endormis, la connaissance est une réminiscence qui suppose que quand nous naissons nous ne commençons pas à vivre, nous recommençons à vivre. L’âme qui est a été. Il n’y a qu’une vraisemblance, très acceptable à la raison, à ce que l’âme qui est doive être plus tard.

Nous inclinerons donc à croire que les âmes humaines, émanations de l’âme suprême, enseignées une fois pour toutes par l’âme suprême ou ayant comme reçu son empreinte, vont successivement animer des parcelles de la matière éter-