Page:Faguet - Pour qu’on lise Platon, Boivin.djvu/306

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
298
POUR QU’ON LISE PLATON

de beaucoup de choses. Il n’y a pas d’autre cause de la naissance de l’Etat social. Le besoin d’une chose ayant engagé un homme à se joindre à un autre homme et un autre besoin à un autre homme encore, la multiplicité de ces besoins a réuni dans une même habitation plusieurs hommes dans le dessein de s’entr’aider, et c’est à cette association qu’on a donné le nom d’Etat. »

Cet Etat primitif et voisin de la nature, ce qui veut dire voisin des premiers besoins, constitué par les exigences de besoins simples, est imaginé par Platon exactement comme il la été par Jean-Jacques Rousseau. C’était un Etat agricole et pastoral, très vertueux et très heureux : « Ceux d’alors, n’ayant aucune expérience d’une infinité de biens et de maux nés dans le sein de nos sociétés, ne pouvaient être méchants… La discorde et la guerre étaient bannies de presque tous les lieux du monde. Car, d’abord, les hommes trouvaient dans leur petit nombre un motif de s’aimer et de se chérir. Ensuite ils ne devaient point avoir de combats pour la nourriture, tous, à l’exception peut être de quelques-uns, dans les commencements, ayant en abondance des pâturages, de quoi, pour lors, ils tiraient principalement leur subsistance : ainsi ils ne mangeaient ni de chair ni de laitage. De plus, la chasse leur fournissait des