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POUR QU’ON LISE PLATON

dignement le peuple vaincu, et alors, dans ce peuple sujet et mal administré, il aura une faiblesse et non une force, une faiblesse qui lui sera très dommageable pendant longtemps et funeste et ruineuse et mortelle à un moment donné, et ceci encore sera une revanche et un triomphe de la justice ; et tout me ramène à croire que la justice a toujours le dernier mot.

Il me semble donc que là même où il n’y a, je le reconnais, que la force qui règne, c’est à savoir dans les relations de peuple à peuple, une justice encore domine, plus lente seulement, mais aussi plus sévère, plus rude et plus terrible ; et qu’en définitive, c’est la justice qui plane sur le monde.

Ce qui est vrai des peuples est vrai des partis. Celui qui veut gouverner selon l’injustice et d’après la force brutale peut triompher, cela se voit tous les jours ; mais en triomphant il affaiblit la patrie, parce qu’il contrevient à cette loi qui est que la cité ne vit que de justice ; et en affaiblissant la patrie, il s’affaiblit lui-même très rapidement, et dès lors de deux choses l’une encore : ou il affaiblit tellement la patrie qu’elle disparaît devant un peuple meilleur, et alors il s applaudit en disant : « Nous vaincus, la patrie elle-même a disparu ; si elle avait pu être sauvée, elle l’eût été par cette main » ; il s’applaudit ; seulement ce parti-là est un imbé-