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POUR QU’ON LISE PLATON

qu’ils ont sous les yeux, s’imaginent que le monde entier est dans les mêmes conditions, et dans ce cas les esprits simples se trompent ; mais rien n’est plus naturel que leur erreur.

Pour en revenir, sinon au plus curieux, du moins au plus important de ce qui précède, retenons ceci que despotisme, oligarchie, démocratie ne sont pas des gouvernements ; mais des factions exploitant des sujets, comme un peuple conquérant exploitant des tributaires.

Et maintenant si 1° communisme, 2° tyrannie d’un sage, sont des gouvernements appartenant à la catégorie de l’idéal et par conséquent, sinon écartés, du moins réservés ; si, d’autre part, despotisme, oligarchie et démocratie ne méritent même pas le nom de gouvernement, de quel côté allons-nous nous tourner ?

Il est assez naturel que nous jetions les regards vers le gouvernement de Sparte, qui a une très grande réputation parmi les hommes. Le gouvernement de Sparte est une royauté-aristocratie, ou, pour mieux dire, une aristocratie qui conserve quelques traces de royauté. Il y a deux rois, ce qui déjà n’est plus royauté, et ces deux rois tempèrent l’un l’autorité de l’autre. Il y a un Sénat qui « dans les matières importantes contrebalance encore le pouvoir des rois. » Il y a enfin des