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POUR QU’ON LISE PLATON

Quel est donc enfin le gouvernement selon nos vœux ? D’après ce que nous avons dit, nous ne sommes pas loin de le savoir. Ce qui devrait gouverner, c’est la science du gouvernement ; on nous accordera cette vérité ; la science du gouvernement ne peut être que dans un petit nombre d’hommes ou dans un seul, si tant est qu’elle soit quelque part et non point sans doute dans la multitude qui ne sait rien et qui par conséquent ne sait pas ce qu’il est le plus difficile de savoir.

Ce qui devrait gouverner, après la science politique et du reste concurremment avec elle, c’est la sagesse et, pour parler plus humainement, le bon sens. Or le bon sens n’est que dans un très petit nombre, et le propre des foules c’est d’être folles, d’où suit que le propre des démocraties c’est d’être insensées. Sachons bien dire que la démocratie c’est l’anarchie et que ce ne peut être autre chose que par accident et assez court : « Lorsqu’un Etat démocratique, dévoré d’une soif ardente de liberté, est gouverné par de mauvais échansons qui la lui versent toute pure et la lui font boire jusqu’à l’ivresse… il ne se peut pas que, dans cet état, l’esprit de liberté ne s’étende point à tout. Il pénètre dans l’intérieur des familles, les pères s’accoutumant à traiter leurs enfants comme leurs égaux et même à les craindre, les enfants s’égalant à leurs pères et