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POUR QU’ON LISE PLATON

pourrait dire par cette idée tyrannique. S’il a écarté la tyrannie, l’oligarchie et la démocratie, comme n’étant pas des gouvernements, mais des factions usurpatrices du pouvoir, c’était surtout pour écarter la démocratie, puisque de la tyrannie il donne comme très acceptable et même divine une forme particulière qui serait la royauté d’un sage ; puisque de l’oligarchie il donne comme excellente une forme particulière, l’aristocratie, qui n’est que l’oligarchie élargie, et puisque de la démocratie seule il ne donne comme acceptable aucune forme.

— Si ! me dira-t-on, le communisme !

— Je veux bien, pour un instant ; et dès lors la symétrie, chère à Platon, serait parfaite. Six gouvernements, c’est-à-dire trois : — despotisme sous sa forme détestable : la tyrannie d’un médiocre ou d’un quelconque ; despotisme sous sa forme excellente : la tyrannie d’un infaillible ; — aristocratie sous sa forme odieuse et funeste : l’oligarchie ; aristocratie sous sa forme excellente : le pouvoir d’un assez grand nombre exercé conformément à des lois ; — démocratie sous sa forme stupide : le despotisme capricieux de la foule, la seule loi du nombre ; démocratie sous sa forme miraculeuse : la communauté absolue et l’unanimité absolue entre frères.

Oui, l’on ne se tromperait pas complètement et