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Page:Faguet - Pour qu’on lise Platon, Boivin.djvu/54

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l’esprit public général, et choquer l’esprit public cela paraît toujours faire acte de corrupteur, les hommes estimant toujours sain tout simplement l’état où ils vivent ; et ensuite cet homme mettait les jeunes gens en état de révolte ou de mépris contre leurs pères ou leurs frères aînés, et il n’y a rien sans doute qui soit plus corrupteur que cela.

Il est donc assez naturel et presque légitime que Socrate ait été convaincu de corrompre la jeune Athènes.

En attendant, ce sont les sophistes qui étaient les corrupteurs et les pervertisseurs de la cité et amputaient la nation du sens moral. Il faut poursuivre les sophistes d’une haine inextinguible. C’est à quoi au moins Platon n’a pas manqué. De tout ce que Platon a détesté, c’est le sophiste qu’il a combattu le plus énergiquement et comme avec une obstination passionnée et comme avec une «suite enragée ».

Je suis très porté à croire que cela tient à ce qu’en les combattant il sentait un peu qu’il se combattait lui-même. Il était sophiste par son amour du beau style, de la forme, de tous les beaux vêtements, de toutes les parures, de tous les ornements, de tous les bijoux dont on peut parer