Page:Faguet - Pour qu’on lise Platon, Boivin.djvu/93

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démocrate, et s’il l’était ce ne serait déjà point une très bonne fortune ; mais il ne l’est pas ; il est foncièrement anarchique. Ne pas obéir, n’avoir aucune hiérarchie et que personne ne soit au-dessus d’un autre, c’est à peu près sa seule idée générale. Il l’habille, à ce qu’il me semble, de la formule suivante : « Je ne veux pas obéir ; je veux être persuadé. » C’est assez spirituel et ce ne serait pas si loin d’être juste ; mais comme il est très passionné, très artiste et très féminin, il se trompe sur ce qu’il appelle persuasion : il se croit persuadé quand il est flatté et il trouve une foule de gens, comme on pense, pour lui prodiguer cette persuasion là.

Il s’ensuit qu’il n’a pas de gouvernement et qu’il ne se gouverne pas. Il n’y a à Athènes aucun plan suivi de gouvernement, aucune idée directrice, même fausse. Cette belle ville est une trière à la dérive.

On se relève de tout avec la force morale ; mais ce peuple n’a aucune moralité. À vrai dire, il n’en a jamais eu beaucoup, si ce n’est sous forme de patriotisme ; mais il en a moins que jamais et non pas plus en haut qu’en bas ; et, de plus, il a en lui, très actifs, de terribles éléments d’immoralité, de terribles agents de démoralisation.

Il est corrompu par ses sophistes. Ceux-ci exer-