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DISSERTATION SUR LES JEUX OLYMPIQUES.




La gloire fut toujours pour les Grecs la source de toutes les vertus et le principe des actions les plus héroïques : lois, gouvernement, coutumes, jeux et solennités, tout dans les institutions de ce peuple belliqueux et passionné pour les grandes choses avait été combiné pour entretenir et exciter le feu sacré du patriotisme et de l’émulation. De sages législateurs avaient compris qu’il fallait ouvrir la carrière de la gloire à chaque citoyen, et donner ainsi un noble élan à chaque genre de mérite. Parmi ces institutions, les jeux et les combats contribuèrent d’une manière spéciale à cette splendeur à laquelle la Grèce parvint en peu de temps. Si l’on en considère l’origine et le but, il ne paraîtra plus étonnant qu’ils aient donné lieu à de si grands prodiges. Leur origine se rattachait à quelque dieu ; leur but était l’immortalité.

Hercule, Thésée, Castor et Pollux et les plus grands héros de l’antiquité, non-seulement en furent les instituteurs ou les restaurateurs, mais ils se firent encore gloire d’en pratiquer eux-mêmes les exercices, et un mérite d’y réussir. Vainqueurs des monstres et des ennemis du genre humain, ils ne crurent pas se rabaisser en aspirant aux honneurs du cirque, ni flétrir l’éclat de leurs anciennes couronnes en y ajoutant celles dont on ceignait leur tête dans ces jeux solennels. Aussi ces victoires étaient-elles l’objet des chants et des éloges des plus fameux poëtes, et la Grèce entière ne tarda-t-elle pas à s’enflammer du désir de marcher sur les pas de ses héros et de se signaler comme eux dans les combats publics.

Mais, outre le puissant aiguillon de la gloire, ces jeux, si conformes à l’humeur guerrière des Grecs, avaient encore l’avantage de former leurs jeunes gens à la profession des armes ; ils fortifiaient leurs corps, les rendaient plus robustes, plus capables de supporter les travaux et les fatigues de la guerre ; en un mot, plus fermes et plus adroits dans les combats, où l’on s’approchait de près et où la force du corps décidait ordinairement de la victoire.

On comptait quatre sortes de jeux auxquels était spécialement affecté le titre d’ieroi, sacrés, tant à cause de la haute faveur dont ils jouissaient chez toutes les nations, que parce qu’ils étaient un hommage rendu à des dieux ou à des héros déifiés, et étaient toujours précédés et suivis de pompeux sacrifices. Les deux distiques suivans rappellent à la fois leurs noms et ceux des dieux auxquels ils étaient consacrés, ainsi que les différens prix réservés aux vainqueurs :

Tessares eisin agônes an’ Ellada, tessares iroi ;
Oi duo men thnètôn, oi duo d’athanatôn,
Zênos, Lêtoidao, Palaimonos, Archomoroio,
Athtla de cotinos, mêla, selina, pitus.

Les olympiques se célébraient tous les quatre ans en l’honneur de Jupiter, à Pise ou Olympie ; les pythiques, consacrés à Apollon, surnommé Pythien, étaient célébrés à Delphes, aussi de quatre ans en quatre ans ; les Néméens, qui tiraient leur nom de Némée, ville et forêt du Péloponèse, furent établis par Hercule après qu’il eut tué le lion de la forêt de Némée ; ils se célébraient de deux ans en deux ans ; enfin les isthmiques avaient lieu à l’isthme de Corinthe, tous les quatre ans, en l’honneur de Neptune.

Entre ces jeux, les olympiques tenaient le premier rang, pour plusieurs raisons ; d’abord ils étaient consacrés à Jupiter, le plus grand des dieux, et avaient été institués par Hercule, le plus grand des héros ; en second lieu, on les célébrait avec plus de pompe et plus de magnificence que les autres, et ils attiraient une immense multitude de spectateurs et d’athlètes ; enfin ils devinrent si célèbres dans tout l’univers qu’ils donnèrent leur nom aux olympiades, époques sur lesquelles les Grecs et les nations voisines établirent leur chronologie. Ils tiraient eux-mêmes leur nom, soit d’Olympie, ville de l’Élide, où ils se célébraient, soit du surnom d’Olympien donné à Jupiter, auquel ils étaient consacrés.

Leur origine se perd dans la nuit des temps, et les auteurs grecs mêlent tant de fables aux faits historiques et embrassent des opinions si différentes qu’il n’est possible ni de les concilier ni de les suivre séparément. Diodore de