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il suffisait qu’ils fussent présens au spectacle ou même qu’ils envoyassent les chevaux destinés à mener le char ; mais dans l’un et l’autre cas, il fallait d’abord faire inscrire sur les registres les noms de ceux pour qui les chevaux devaient combattre, soit dans la course des chars, soit dans la simple course à cheval.

Les femmes, au témoignage de Pausanias (livre 3e), furent admises par la suite à disputer le prix de la course des chars. Cynisca, sœur d’Agésilas, roi de Lacédémone, fut la première qui, par sa victoire, ouvrit cette carrière aux personnes de son sexe. Les Spartiates lui érigèrent un superbe monument, et une inscription en vers transmit à la postérité la mémoire de son triomphe.

La lutte paraît avoir été usitée dès les premiers siècles de la Grèce. Hercule l’institua aux jeux olympiques, et Thésée aux jeux isthmiques en même temps. Jusqu’à ce héros la lutte s’était pratiquée sans art et d’une manière toute naturelle ; mais il établit le premier les palestres où des maîtres l’enseignaient aux jeunes gens.

Après que les lutteurs s’étaient frottés d’huile, on les divisait par couple, et ils en venaient aux mains. C’est alors qu’il fallait les voir se mesurer des yeux, puis soudain s’empoigner et s’enlacer mutuellement de leurs bras nerveux, se tirer rudement en avant, se pousser et se renverser en arrière, se serrer à la gorge jusqu’à s’ôter la respiration, se plier obliquement et sur les côtés, s’enlever en l’air, se heurter de front comme des béliers. Pour être vainqueur il fallait renverser son adversaire trois fois. De là les verbes triaxai et apotriaxai, remporter la victoire, et apotriachthênai, être vaincu. On distinguait deux sortes de luttes : orthia palê, ou orthopalê, où les combattans devaient se tenir debout ; et anaklinopalê, où ils pouvaient à leur choix se rouler sur l’arène. On les nommait alors kulistikoi. Le vaincu reconnaissait sa défaite de vive voix, ou en levant le doigt en l’air ; de là l’expression aire daktulon, confesse-toi vaincu.

Le pugilat pugmê, ou pugmikê, était un combat à coups de poings. Les pugilistes armaient quelquefois leurs mains de pierres ou de masses de métal, nommées sphairai, et le combat s’appelait alors sphairomachia. Dans les premiers temps, on combattait seulement avec les poings ; l’usage du ceste s’introduisit par la suite. C’était une espèce de gantelet composé de plusieurs courroies ou bandes de cuir, qu’on fortifiait par des plaques de fer, de cuivre ou de plomb : il se liait à l’entour du bras et servait à rendre les coups beaucoup plus violens. Le grand art dans cet exercice consistait à éviter les coups de son adversaire par un mouvement souple du corps et à ne point porter ses propres coups à faux. On les dirigeait sur le visage de l’adversaire, et les meurtrissures s’appelaient alors upôpia.

Quelque acharnés que fussent les combattans l’un contre l’autre, l’épuisement où les jetait une trop longue résistance les réduisait souvent à la nécessité de prendre un peu de repos. Ils suspendaient donc de concert le pugilat pour quelques momens, qu’ils employaient à se remettre de leurs fatigues et à essuyer la sueur dont ils étaient inondés ; puis ils revenaient une seconde fois à la charge et continuaient à se battre jusqu’à ce que l’un d’eux, laissant tomber ses bras de faiblesse et de défaillance, fît connaître qu’il succombait à la douleur et à l’extrême lassitude, et qu’il demandait quartier, ce qui était s’avouer vaincu.

Le pancrace était un combat composé de la lutte et du pugilat. On le nommait ainsi (de deux mots grecs, pan kratos) parce qu’il exigeait toute la force du corps. Dans la lutte, il n’était pas permis de jouer des poings, ni dans le pugilat de se colleter ; mais dans le pancrace, non-seulement on avait droit d’employer toutes les ruses pratiquées dans la lutte, on pouvait encore emprunter le secours des poings et des pieds, même des dents et des ongles pour vaincre son adversaire.

Le disque (diskos), sorte de palet pesant, rond et plat, de trois ou quatre pouces d’épaisseur, était fait quelquefois de bois, mais le plus souvent de pierre, de plomb ou de fer. Ceux qui s’exerçaient à ce combat s’appelaient diskoboloi, lanceurs de disque ; et le vainqueur était celui qui le lançait le plus loin. On attribuait aux Lacédémoniens l’invention de cet exercice salutaire, dont le but était de rendre les hommes plus propres à porter le poids des armes et à en faire usage.

Le saut (alma) tirait son nom apo tou allesthai. Quelquefois les sauteurs se présentaient les mains vides ; quelquefois ils portaient dans leurs mains, sur leur tête et sur leurs épaules, des poids de métal ou de pierres nommés al-