Page:Falconnet - Petits poèmes grecs, Desrez, 1838.djvu/60

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du monde retentissant, toi dont les flammes pétillantes effraient tous les esprits, dont la foudre sacrée ébranle la demeure des immortels, toi qui roules dans le ciel le torrent retentissant de tes feux, toi qui diriges les nuages, les traits rougis et les tonnerres, et qui enveloppes de tes traits tout ce qui est animé, toi qui vomis la flamme et le bruit et qui sèmes les ruines sur ton passage ! Foudre terrible accompagnée d’une effroyable crinière, messagère ardente d’une main victorieuse, toi qui dévores toute arme indomptable et horrible, qui plonges toutes choses dans l’horreur et le tumulte, arme de Jupiter, trait rapide qui traverses les cieux précédé d’une flamme vengeresse, la terre nourricière, féconde, l’océan salé, les siècles vivans te craignent lorsque ton bruit épouvantable se fait entendre : alors on voit une lueur et un éclair rouge, et tu lances dans le ciel, dieu puissant, tu lances ta foudre étincelante. O dieu, répands ta colère sur les mers salées et sur les sommets élevés : nous connaissons ta force ! Favorise nos sacrifices, accorde à nos esprits des dons favorables, les biens de la vie, et la force et la santé, et la paix des honorables dieux, et accorde-nous aussi une nourriture toujours conforme à nos désirs.

XIX.

PARFUM DE JUPITER FOUDROYANT.

Encens du Liban.

Je supplie Jupiter foudroyant, roi tout-puissant qui régit toutes choses, dieu enflammé, retentissant, qui habite les airs et commande aux nuages qui engendrent la foudre, dieu terrible, indomptable et invincible, d’accorder à mon existence une fin tranquille et heureuse.

XX.

PARFUM DES NUAGES.

La Myrrhe.

Nuages aériens, voyageurs célestes, générateurs de tous les fruits, vous qui renfermez dans votre sein les trésors de la pluie, vous qui parcourez le monde poussés par la forte haleine des zéphyrs, nuages foudroyans, enflammés, retentissans, vous qui tour à tour répandez dans l’air un inimitable murmure ou qui faites entendre d’affreux sifflemens sous le souffle des tempêtes, je vous supplie maintenant de verser sur la terre, avec de doux vents, les pluies fertiles qui fécondent les fruits.

XXI.

PARFUM DE LA MER.

L’Encens du Liban.

Je t’en supplie, Thétis aux yeux bleus, à la robe d’azur, qui habites les immensités charmantes de la mer, poussée par de doux zéphyrs jusqu’aux extrémités de la terre, toi qui fais entendre sur tes rives de délicieux murmures, fière des vaisseaux que tu portes, toi qui nourris dans ton sein de nombreux troupeaux de poissons, mère de Vénus, mère des nuages ténébreux, mère de toutes les fontaines qui se répandent en douces ondes, sois-nous propice, bénis nos vœux et envoie à nos vaisseaux les vents favorables.

XXII.

ENCENS DE NÉRÉE.

La Myrrhe.

O toi qui commandes au monde liquide et qui, au sein de ton empire azuré, te réjouis des quatre-vingts vierges qui sont tes filles, dieu de la mer, puissant Nérée, base de l’océan, borne de la terre, principe de toutes choses, toi qui ébranles l’univers quand tu précipites dans les cavernes tes flots tumultueux, sois-nous propice, respecte la terre et envoie à tes prêtres sacrés la paix, les richesses et le bonheur.

XXIII.

PARFUM DES NÉRÉIDES.

Les Aromates.

Filles de Nérée, charmantes nymphes aux beaux yeux, vous qui vivez sous les eaux, habitantes des ondes agitées, vous qui au nombre de quatre-vingts voguez à la surface des mers et suivez les chars des Tritons, en vous mêlant aux génies nombreux demi-monstres que nourrit le liquide élément, à tous ceux qui habitent les mers et parcourent leur immensité, et aux dauphins errans qui regardent d’un œil bleu,