Page:Falret - Études cliniques sur les maladies mentales et nerveuses, 1890.djvu/303

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60 et 72. Dans la nuit du 24, le sommeil fut paisible. Malgré son long séjour au lit et l’immobilité, pas d’eschares au sacrum.

Malgré la dureté de l’ouïe de la malade, on crut à la possibilité de l’influencer par la musique ; mais, mise auprès d’un piano sur lequel on jouait des airs variés, elle ne fit pas le moindre mouvement de nature à faire croire qu’elle entendît la musique. À l’occasion de cette expérience, on constata que la malade pouvait se tenir debout, et que soutenue et poussée en avant, elle pouvait faire quelques pas. À partir de ce jour, on la fit lever et promener dans la salle ; à l’exception des pieds, qui faisaient les mouvements de la marche, toutes les autres parties du corps étaient sans mouvements. Les premiers jours, elle ne pouvait rester debout que quelques minutes ; au bout de quelque temps, elle fut promenée autour de la salle et mise ensuite dans un fauteuil. Malgré cette amélioration, l’urine était toujours rendue dans le lit. Du 13 au 27 décembre, l’amélioration continua lentement ; on administra tous les jours un bain de pieds chaud pour rappeler la menstruation, et le 27, on appliqua dans le même but, pendant vingt minutes, un appareil hémospasique sur l’extrémité inférieure droite. Le pouls monta, vers la fin de l’opération, à 140 ; la face devint d’une pâleur cadavérique, la température baissa. Il se produisit des mouvements spasmodiques dans tout le corps, et la malade, couchée sur le dos, se retourna brusquement sur le côté gauche ; on s’empressa d’enlever l’appareil, et au bout de quelques heures la température du corps était rétablie. L’amélioration progressive continua dans la première quinzaine de janvier. La figure commença à prendre de l’expression ; la malade fixait les objets avec les yeux, mais la bouche restait toujours fermée ; on était obligé de l’ouvrir pour y introduire les aliments ; l’excrétion d’une salive fétide continuait.

À dater du 20 janvier 1852, la malade ne conservait plus la position qui lui était donnée ; le bras, élevé et abandonné à lui-même, retombait brusquement ; la nourriture de la malade augmenta ; l’urine était encore rendue involontairement pendant le sommeil.

À partir du 1er mars, la malade ouvrait elle-même la bouche pour manger ; l’expression de la figure était animée ; les mouvements des mains s’exécutaient volontairement ; la marche était plus solide ;