Page:Fantasmagoriana (tome 1).djvu/166

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
148
les portraits de famille.

heureux se pressoient dans mon souvenir ; mon imagination, qui avoit alors toute la vivacité de la jeunesse, fut tellement agitée, que je ne pus goûter le sommeil auquel mon ami étoit déjà livré. L’image d’Emilie, si intéressante par sa grâce naïve, par son affection pure pour moi, se présenta à mes yeux tel qu’un fantôme aimable brillant de beauté. Je me mis à la fenêtre pour jeter de nouveau un coup-d’œil sur ce paysage que j’avois si souvent parocouru avec elle, et récemment encore pour la dernière fois. Je reconnus chaque endroit à la lumière blanchâtre de la lune.

« Les rossignols chantoient dans les bocages où nous aimions à nous asseoir ; la petite rivière, sur laquelle nous voguions souvent en faisant entendre les