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JEAN-PAUL

Sincèrement il avait promis à son directeur spirituel de ne pas se venger, mais il voyait toujours cette fameuse lettre. En classe, il se trouvait justement en arrière de Gervais. Chaque fois qu’il apercevait la grosse écriture bien connue, tout de suite la lettre se dressait sous ses yeux, presque avec la vivacité d’une hallucination. À certains moments, il avait une envie folle de l’insulter, de lui crier au moins qu’il n’était pas aussi naïf qu’on l’avait dit.

Mais le Père Beauchamp suivait son dirigé d’un œil attentif.

De son côté, Gaston demeurait fort intrigué de l’attitude froide et distante prise par son ancien ami. Il tenta divers moyens de le reconquérir. À cette fin, il lui donnait tantôt des marques d’une sympathie affectée, mais ses courbettes restaient sans réponse ; tantôt il simulait de l’indifférence, parlait de Jean-Paul comme d’un élève quelconque, l’appelait « Forest » tout court. Néanmoins il cherchait furieusement le mot de l’énigme. Pour lui, Jean-Paul ne pouvait rien savoir de ses manigances passées. Rejetant donc cette hypothèse, il faisait nombre d’autres conjectures, et comptait qu’un jour ou l’autre, on viendrait lui faire des excuses.

Jobin, lui, s’était retiré du conflit. Après avoir libéré sa conscience en remettant au Père Beauchamp la lettre qui avait tout révélé, il avait cru plus sage de s’effacer. La lettre avait fait du