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JEAN-PAUL

parut : « Jean-Paul, bonjour, Jean-Paul ! » crièrent les enfants. D’un bond, tous furent rendus pour recevoir leur grand frère qu’ils embrassèrent chacun deux fois. Exclamations, cris joyeux, questions sur questions. Tout le monde parlait à la fois. On ne se comprenait guère, mais chacun exprimait son bonheur. Angéline, la jeune épouse d’Edmond, sortit vite, vint, avec un peu de gêne, saluer son beau-frère, et fit les honneurs de la maison. Ils entrèrent.

« Ah ! c’est chez nous ! qu’on va être bien chez nous ! » dit Jean-Paul. Mais aussitôt qu’il eut pénétré à l’intérieur : « Comme c’est petit, ici ! » Habitué aux salles spacieuses du Collège, il s’étonnait, à chaque retour, de l’exiguïté du logis. Cependant, pour le recevoir, Angéline avait écarté les rideaux de dentelle tricotés à la main et doublés d’une ample tenture en damas. Le grand piano carré montrait son long clavier d’ivoire. Au-dessus, les portraits de monsieur et madame Forest. Des chaises, très anciennes et couvertes en crin, meublaient la pièce, d’une parfaite propreté. Jean-Paul avait besoin de tout revoir. Il passa au fond, dans la salle à manger : « Tiens ! vous avez une table neuve. Elle est jolie, mais pas tout à fait du même style que les chaises. »

— Le style, reprit Edmond, ça, c’est quand on écrit, mon vieux.

Jean-Paul, sans riposter autrement que par un bon rire, prit l’escalier, impatient de déposer sa valise et de reconnaître sa chambre.