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JEAN-PAUL

— Je n’ai pas faim. Tu diras que je n’y vais pas.

Déconfit et penaud, le commissionnaire s’en revint à petits pas. Il tenta charitablement d’excuser Jean-Paul, mais ça ne trompa personne. Ce refus amortit un peu la gaieté des convives.

Lors du retour à la maison, les femmes attendaient des compliments sur leur aimable initiative. Les enfants ne manquèrent pas de remercier. Edmond, au risque de faire de la peine à sa mère, crut devoir signaler discrètement l’abstention de Jean-Paul.

Les vacances se continuèrent grises et mornes, dans une atmosphère un peu tendue où chacun se sentait mal à l’aise. Jean-Paul gardait une mine boudeuse. À certains jours, il avait des accès de mauvaise humeur ; il bousculait ses petits frères et même sa chère Rosette. Son unique délassement paraissait être la lecture. Madame Forest, un peu inquiète de le voir toujours un livre à la main, voulut savoir ce qu’il lisait. Un jour, en son absence, elle pénétra dans sa chambre, prit sur la table un volume qu’elle ouvrit à la place marquée d’un signet. C’étaient des vers. Elle lut cette strophe de Lamartine encadrée d’un trait de crayon :