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JEAN-PAUL

feuilletait quelques revues qu’il déposa aussitôt en désignant la chaise « berçante » à sa droite. Jean-Paul vint s’y asseoir ou plutôt s’y écrouler.

— Qu’est-ce qu’il y a, mon cher ? demanda le Père d’une voix très tendre.

— Je suis découragé, mon Père.

— Découragé ! Oh ! C’est grave, cela.

Le pauvre enfant ne pouvait parler. Le visage gonflé, la respiration haletante, il était là, écrasé sous le poids de l’épreuve. D’ailleurs pas n’était la peine de s’expliquer. Le Père savait tout et voulut lui épargner la tâche pénible de faire des aveux.

— Oui, je comprends que vous souffrez, dit-il, je devine même la blessure de votre cœur. Ne vous plaignez pas trop vite, cependant ; c’est souvent par une telle déchirure que la clarté pénètre dans les âmes. Avez-vous retenu les beaux vers que le Père Supérieur citait, l’autre jour, dans sa lecture spirituelle, après la prière du soir ?

L’homme est un apprenti, la douleur est son maître
Et nul ne se connaît tant qu’il n’a pas souffert

Vous répondez bien tard à l’invitation que je vous ai faite au début de l’année. N’importe ! Vous y répondez. Je vous attendais ; je savais que vous viendriez.

Vous avez besoin qu’on vous aide, et nous voulons vous aider. Comment se fait-il donc que