Page:Farrere - Mademoiselle Dax.djvu/151

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— Il ne s’agit pas de faire du drame !… Je n’ai jamais songé à vous insulter, monsieur Dax. Vous le savez aussi bien que moi !… Alors, à quoi bon les grands mots ? Nous sommes ici pour discuter une affaire…

Ils avaient l’un et l’autre fort élevé la voix. Au salon, le piano, discret, assourdissait ses arpèges. Au mot « affaire », il s’arrêta soudain, comme mystérieusement paralysé…

— Une affaire, – répliquait M. Dax, – qui ne souffre aucune discussion. Vous vous mariez, vous médecin, pour fonder à deux pas de votre ancien cabinet une clientèle plus brillante et plus stable. Quel besoin avez-vous en tout cela d’un capital disponible ? Votre métier se passe précisément de toute première mise. Vous ne pouvez exiger qu’un revenu large vous permettant de faire figure ; et ce revenu je vous le donne plus considérable que vous-même ne sauriez l’obtenir sans spéculation. Quel caprice vous pousse à réclamer une combinaison différente, qui léserait vos intérêts comme les miens ?

— Le caprice de ma sécurité et de mon indépendance, monsieur Dax. Marié à votre fille, j’endosse déjà la responsabilité morale de vos affaires, et c’est assez sans que j’endosse la responsabilité matérielle. On a vu crouler les plus solides entreprises. Qui me garantit que la vôtre continuera indéfiniment d’être prospère ? Au mois de mai, quand j’ai pris le parti de me marier, plusieurs maisons lyonnaises s’ouvraient à moi. J’ai choisi la vôtre, non point qu’elle fût la plus