Page:Farrere - Mademoiselle Dax.djvu/261

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la table qu’on n’apercevait même plus dans l’obscurité opaque.

Au loin, rompant le silence nocturne, l’horloge de la paroisse fit tinter sa cloche, et le timbre de la pendule y répondit frappant sept coups.

Le poing fermé de madame Dax ébranla soudain la porte :

— Alice !… bonté divine !… ça ne te suffit pas de rêvasser, aujourd’hui ?… Tu dors, ma parole !… Est-ce que tu te moques de ta mère ?…

Arrachée de sa rêverie sombre, mademoiselle Dax hésita une seconde, puis tourna le commutateur.

Madame Dax était sur le seuil :

— Qu’est-ce que tu faisais donc, dans ce noir ?

— Rien.

— Es-tu prête pour dîner ? Tu sais que ton père va rentrer ?

— Oui.

— Allons ! lave-toi les mains et dépêche-toi de descendre !…

Madame Dax tourna les talons.

Restée seule, mademoiselle Dax s’assit machinalement et, machinalement, déploya Le Salut Public.

L’article de fond… la politique… le bulletin financier… Mademoiselle Dax ne lisait pas. Ses yeux glissaient de colonne en colonne, arrêtés seulement ça et là, par les grosses lettres des titres… Tout à coup, cinq mots, mystérieusement, accrochèrent son regard. Elle tressaillit. Elle lut, d’un avide coup d’œil :