Page:Farrere - Mademoiselle Dax.djvu/46

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M. Barrier interpella tout à coup son futur beau-frère :

— Et toi, mon vieux Bernard !… Tu m’enlèves comme ça ma fiancée pour aller te promener en Suisse ? Ça t’amuse, au moins ?

— Beaucoup, – affirma Bernard d’un ton pénétré. – C’est qu’elle a été dure, l’année scolaire, monsieur Barrier ! Mais vous viendrez nous voir là-bas ?

— Si je peux, mon bonhomme ! Un médecin, c’est comme un marchand de soie, tu sais : demande au papa si c’est commode de trouver seulement deux jours pour aller en villégiature ?

M. Dax hocha la tête, et regarda orgueilleusement son fils et le fiancé de sa fille, – laborieux.

— Un bon cabinet, aujourd’hui, Barrier ?

— Peuh ! l’ordinaire. Mais nous ferons mieux, papa Dax, quand nous aurons changé de quartier, après le mariage…

Mademoiselle Dax sourit timidement et leva les yeux sur son fiancé. Mais le fiancé, tout à ses projets d’agrandissement et de clientèle, était à cent lieues de faire du roman :

— Vous comprenez, beau-père, la rue du Président-Carnot, c’est un four. On peut y gagner de l’argent, mais pas un argent sûr, stable, de tout repos. Pour réussir vraiment, solidement, il faut être un médecin cher. Et alors il n’y a que Bellecour, ou l’avenue Noailles. Vous comprenez…

M. Dax comprenait. Il fournit même un argument de renfort, en prenant le commerce des soies pour