Page:Farrere - Mademoiselle Dax.djvu/77

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que la promiscuité des hôtels condamne à subir les susdits moutons, mes plus apitoyées condoléances !

— Mais…

— C’est comme je vous le dis. Êtes-vous au chalet calviniste ou au chalet cake-walk ?

Madame Terrien crut devoir une explication :

— Ce toqué nomme ainsi, pour des motifs que je préfère ignorer, deux des petits hôtels de Saint-Cergues : le chalet Brotte et le chalet Kolouri…

— Nous sommes au Grand Hôtel, au-dessus du village, – déclara madame Dax avec une excusable vanité.

Bertrand Fougères inclina la tête.

— Je vous en félicite tant que je peux, madame. Au moins, vous échappez à la table dite de famille, où tout le monde s’appelle par son prénom avant le vingt et unième jour… Et quelles tables, et quelles familles, dans ce pays de bénédiction ! Le chalet calviniste qui rougit de l’être, et s’étiquette Brotte, on n’a jamais pu savoir pourquoi…

— C’est le nom de la propriétaire, – plaça Gilbert Terrien, invisible derrière son orgue.

— … Femme éhontée, qui ne rougit pas d’étaler sur une enseigne son nom, pourtant chaste, de veuve selon le Seigneur !… Oui, madame, selon le Seigneur : dans le chalet Brotte, le saint nom de Dieu est honoré à la mode de Genève. Nul couple n’y est hébergé, s’il ne produit pas préalablement son acte de mariage. Madame Brotte fait en personne des rondes de nuit, pour surprendre ou prévenir les scandales possibles ;