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chap. xiv. — les bisons. — l’aricara
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Grâce à mes soins, il revint bientôt à lui et son regard fut plus calme et presque amical. J’exprimai sur ses lèvres le jus d’une espèce de mûre sauvage, et je le vis avec plaisir se ranimer un peu : bientôt après, les pommettes de ses joues se colorèrent légèrement et il put se maintenir assis, le dos appuyé à un tronc d’arbre. Il voulut parler, mais je mis un doigt sur ma bouche et d’un regard lui fit signe de rester silencieux. Ses yeux exprimèrent l’étonnement, puis il reprit cette impassibilité qui distingue les hommes de sa race, ferma les paupières et un instant après, vaincu par la fatigue et la perte de son sang, il dormait paisiblement.

Je profitai de ce moment pour aller mettre en liberté le jeune bison, qui nous importunait de ses beuglements plaintifs et qui, enlacé comme il l’était par les cordes du lasso, serait mort de faim ou dévoré par les loups des prairies et les vautours. Il était assez fort pour rejoindre seul le troupeau auquel il appartenait, et en effet, à peine délivré, je le vis disparaître dans la direction qu’avaient suivie les bisons.

Je tuai quelques oiseaux, coupai une tranche du bison tué, et pendant que l’Indien dormait, je préparai notre cuisine, tout en examinant attentivement le blessé.