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chap. xix. — retour triomphal.

portaient comme trophées des chevelures attachées à de longues perches et dont les mèches noires et ensanglantées s’agitaient au gré du vent. En tête de chaque compagnie marchait une espèce de barde ou ménestrel récitant les exploits du combat et suivi de plusieurs Indiens sonnant de divers instruments de musique.

Le cortège tenait à peu près l’espace d’un kilomètre. Les guerriers n’étaient pas tous armés de la même manière ; les uns avaient des fusils, les autres des arcs, des flèches, des massues ou des tomahawks ; tous avaient des boucliers de peau de buffle. C’est un moyen de défense généralement employé par les Peaux-Rouges des prairies qui n’ont pas le couvert des forêts pour se mettre à l’abri et se protéger contre les traits de l’ennemi.

Ils étaient tous peints de la plus horrible manière. Quelques-uns s’étaient fait dessiner près de la bouche une main sanglante ce qui signifiait qu’ils avaient pris la vie de leur adversaire.

Comme ils approchaient du village, ils furent reçus avec de grandes acclamations de joie, mêlées de lamentations en l’honneur des guerriers morts sur le champ de bataille. Ils continuèrent cependant à marcher d’un pas lent et grave en conservant un visage calme et impassible.