Page:Faucon - Le petit trappeur, 1875.djvu/206

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
180
chap. xx. — excursions dans les prairies.

hommes puissent s’en servir sans se nuire ?

Des milliers de bisons paissent l’herbe de la plaine, les élans et les antilopes voyagent par troupeaux innombrables, les castors peuplent chaque cours d’eau, les pigeons obscurcissent la lumière par leur nombre immense et vous voulez refuser à un homme le droit de prendre sa part des bienfaits que le Créateur a répandus autour de vous.

Pourquoi ne voulez-vous pas aussi posséder à vous seuls ; le vent qui s’enfuit, l’eau qui passe, l’éclair qui sillonne les cieux, la tempête qui roule jusqu’aux Monts-Rocheux ? Craignez que le Manitou ne punisse votre cruauté et qu’il ne retire la protection dont il a couvert son peuple depuis deux ans !

— Mon frère le sait, répondit le Grand-Aigle, le sang veut du sang.

— Le sang répandu peut se racheter, dis-je. — Le chasseur des prairies est riche, il possède des armes, des munitions, des fourrures, il comblera de présents les chefs puissants et les veuves des guerriers.

Je remarquai un symptôme d’hésitation sur le visage des Indiens, ils se regardaient, se consultant à voix basse.