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chap. xxi. — histoire d’un ami.

Lewis avait vu le péril qui menaçait notre compagnon et par un effort puissant avait arrêté sa monture : « Fuyez, cria-t-il, je le sauverai ! »

Il pousse droit à l’Indien, renversé, mais son cheval refuse d’obéir. En ce moment suprême notre courageux ami enfonce la lame de son couteau dans la croupe de l’animal ; vaincue par la douleur, éperdue, la pauvre bête s’élance et vient raser la flamme qui saisissait déjà de son étreinte mortelle le Renard étendu et cherchant à se dégager. D’un bras vigoureux, Lewis l’enlève, le jette sur le garrot de son coursier et lâchant la bride il se dégage du feu qui l’atteignait.

L’ouragan n’est pas plus rapide que ne l’était sa course vertigineuse, il passa comme une flèche et nous le vîmes quelques instants après disparaître et se précipiter du haut des bords escarpés de la rivière. Enfin, nous arrivâmes à l’extrémité des rochers ; il était temps, le feu nous entourait.

Dix mètres nous séparaient du niveau de l’eau, il n’y avait pas à hésiter : mourir pour mourir il fallait tenter toutes les chances de salut. Nous nous élançâmes, et quelques instants après nous étions sur la rive opposée.

En face de nous, un rideau de flammes et de fumée s’étendait jusqu’aux limites de l’horizon et