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le pied-noir

« Vous savez si je suis prudent, me dit Lewis après avoir écouté mes observations et continuant sa route, mais il est un moment où la prudence peut devenir une lâcheté : je n’appelle pas courage une témérité inutile et sans profit pour personne, mais ici le cas est différent.

« Nous avons peut-être une chance de sauver un de nos semblables et, quelle que soit la couleur, n’oublions pas que c’est comme nous un enfant de Dieu. C’est notre ennemi, me direz-vous, mais le secours que nous allons lui porter en fera peut-être un ami dévoué, et dans le désert, un ami est bien précieux. Ce sont de véritables affections que celles qui naissent entre hommes qui courent les mêmes dangers, qui exposent leur existence l’un pour l’autre et qui ne reculent pas devant un péril quel qu’il soit pour conserver les jours de celui qui a mis sa confiance en eux. Je sais qu’en Europe, on appelle amis ceux qu’on a rencontrés dans un salon, dans une partie de plaisir, dans une promenade. On s’est vu deux ou trois fois, on se jure un dévouement jusqu’à la mort, on est inséparable, on ne peut vivre l’un sans l’autre et le jour où votre Pylade demande à son Oreste