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le pied-noir

mon jeune frère pâle a détourné la main du Wacondah[1] ; le chasseur blanc est accouru aussi au-devant du danger, et de sa balle inévitable il a tué l’ours des prairies ; ils m’ont sauvé la vie, elle leur appartient, qu’ils la prennent, car les chevelures des visages pâles sont pendues à la porte de mon wigwam[2].

— Si mon frère le Jaguar, répondit Lewis, a répandu le sang de ses frères pâles sans y être forcé pour sa défense, le grand Esprit le jugera un jour, car il tombera à son tour sous les coups d’un visage pâle ; mais aujourd’hui ses frères blancs lui ont conservé l’existence, ce n’est pas pour la lui reprendre. Mon frère est libre, il peut partir ; mais, ajouta Lewis, le Jaguar n’était pas seul, un guerrier marchait avec lui, il a donc fui. Pourquoi n’a-t-il pas défendu son frère ? Pourquoi l’a-t-il laissé exposé à la férocité de l’ours des prairies ?

— Le chasseur se trompe, répondit l’Indien avec dignité, un Pied-Noir ne fuit pas, il sait mourir ; et d’un geste plein de noblesse, il nous fit signe de le suivre.

À vingt pas de l’endroit où nous étions gisait

  1. Wacondah : Dieu, l’Être suprême.
  2. Hutte, cabane.