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les bénéfices recueillis par les diverses révolutions qu’ont fait les peuples depuis 150 ans, il faut reconnaître cependant que le but est loin d’être atteint. Espérons que la prochaine Révolution sera plus heureuse et que les travailleurs sauront élaborer la société future sur des fondations qui ne permettront pas le retour de l’esclavage et de l’exploitation de l’homme par l’homme.


FONDEMENT n. m. (du latin fondamentum, même signification). Ce qui constitue le fond, le soutien, l’appui, la base d’une chose, d’un objet, d’un sujet, d’une idée ; ce qui est la cause, le motif. Détruire les fondements d’une doctrine. Une accusation sans fondement.

En architecture le mot fondement a la même signification que : fondation (voir ce mot). Par extension, ce qui est à la base d’une entreprise, d’une affaire : « Nous avons jeté les fondements d’un grand commerce » (Voltaire). Les fondements d’un empire, d’une république, d’une monarchie. Saper les fondements de cette organisation malfaisante que constitue le régime capitaliste serait un bienfait pour l’humanité.


FONDERIE n. f. Usine où l’on fond les métaux. Il y a deux catégories de fonderies ; la première est celle où l’on transforme directement le minerai en fonte, et la seconde celle où la fonte est épurée et devient ce que l’on appelle fonte de seconde fusion. Une fonderie de fer, une fonderie de cuivre. Le développement de l’industrie métallurgique fait de la fonderie un des organes essentiels de l’activité économique du monde, et les progrès réalisés dans toutes les branches du mouvement rendent la fonderie indispensable à la vie des sociétés modernes. La fonderie ne transforme pas seulement le minerai brut en métal utilisable, elle transforme également ce métal en objets dont on ne peut plus aujourd’hui se passer, et l’arrêt des fonderies d’une nation provoque immédiatement une perturbation dans tout le domaine économique.

C’est grâce à la fonderie que l’on arrive à confectionner, à un prix relativement modique, une quantité d’objets d’utilité ménagère, en étain, en aluminium, en cuivre, etc., c’est elle qui permet le développement de l’industrie électrique et mécanique et, par extension, de toutes les autres industries. Malheureusement la fonderie ne produit pas que des choses utiles. Exploitée par le grand capitalisme, elle produit aussi des outils de meurtre et de carnage. Les canons, les obus, qui sortent en grande quantité et avec une rapidité effrayante de la fonderie déciment en quelques heures des populations entières ; c’est qu’hélas, en régime capitaliste aucune chose n’offre un caractère d’utilité complète et totale, et tout ce qui pourrait être une source de bienfaits devient, entre les mains de la ploutocratie, un facteur de méfaits et de malheurs.

La fonderie se trouve à la base de toute l’industrie métallurgique et est de nos jours exploitée par une minorité de grands magnats internationaux, maîtres absolus du marché mondial. En France, les maîtres fondeurs sont groupés en de puissants syndicats devant lesquels se courbent les gouvernants, à quelque couleur qu’ils appartiennent. Une des plus importantes fonderies de France est le Creusot, autrement dit les Établissements Schneider et Cie qui, rien qu’au Creusot et aux environs, occupent 20.000 ouvriers. « Le Creusot produit par an environ 100.000 tonnes de fonte, un million de tonnes d’acier dont 600.000 tonnes d’acier Martin, et un million de tonnes de laminés. » J. Poiret-Clément, qui a étudié particulièrement les usines du Creusot nous dit dans son étude sur les rois de la métallurgie, qu’en 1923 il y avait au Creusot « 4 hauts fourneaux de petite capacité dont 3 en activité ; 8 fours Martin, 2 de 40 tonnes et 6 de 60 tonnes, tout à fait modernes ; 2 fours électriques de 15 tonnes et plusieurs fours au creuset pour les aciers fins ; 2 fours électriques de 10 tonnes et de 5 tonnes

pour pièces d’acier moulées ; 12 trains de laminoirs, laminant depuis 8 mm jusqu’aux plus grands diamètres, situés aux anciennes forges où fonctionne le fameux marteau-pilon de 100 tonnes ; 1 train blooming et un gros train à blindage avec machine réversible de 1.200 chevaux, situés aux grosses tôleries ; des fours à coke. »

En nous rapportant toujours à cette même étude nous voyons que cet outillage est loin de produire un travail utile. « Les travaux en cours actuellement (fin 1923) comportent la construction de 100 locomotives électriques pour le P.-O., de 120 locomotives à vapeur pour le P.-L.-M. et de 25 pour l’Est ; de turbines pour torpilleurs et différentes usines ; de 400 réservoirs de torpilles ; de 400 réservoirs d’avions de 400, 200 et 150 litres ; la fabrication de bombes d’aviation, d’obus de rupture de 130 mm (marine) et de blindage de navire porte-avion. »

Il est donc facile de constater par ce simple exposé qu’une bonne partie du métal fourni par la fonderie est utilisé pour des œuvres de mort, alors que le peuple aspire à la quiétude et à la paix. Mais la bourgeoisie et le capital sont les ennemis de la paix et les fonderies qui leur appartiennent ne préparent que la guerre. La paix ne sera plus un rêve, mais une réalité, que lorsque les travailleurs, refusant de fondre le métal qui les tuera, s’empareront des usines et, par la Révolution, aboliront le capitalisme qui perpétue un régime de boue et de sang.


FONDS n. m. (du latin fundus). Le sol d’une terre, d’un champ. Ensemencer un fonds ; cultiver un fonds, un bon fonds ; un mauvais fonds. Établissement de commerce : un fonds de boulanger ; un fonds d’épicerie, de charcuterie. Au pluriel ce mot s’emploie couramment comme synonyme de « capital » ou pour désigner une somme d’argent destinée à un certain usage. Mettre des fonds dans une affaire industrielle ; être démuni de fonds ; placer ses fonds en actions. Faire un appel de fonds. Être en fonds. Manger son fonds. Les fonds publics.

« On appelle « Fonds secrets », dit le Larousse, ceux dont l’emploi, en raison de leur destination (défense nationale, service diplomatique, police politique) ne doit pas être livré à la publicité et qui sont distraits du contrôle ordinaire des dépenses publiques. Ils sont actuellement inscrits au budget de l’Intérieur sous le titre de « dépenses de sûreté générale ». »

Autrement dit, ce « fonds secret » est une somme d’argent que le Ministre de l’Intérieur est autorisé à dépenser sans contrôle et aux fins qui lui semblent utiles. Est-il besoin de dire que cet argent alimente les caisses des organes de propagande favorables à un ministre, et que c’est grâce à cet argent que la presse bourgeoise garde le silence que lui achète le gouvernement sur certains incidents susceptibles d’émotionner le public. C’est avec l’argent des fonds secrets que sont payés les espions intérieurs et extérieurs, ainsi que les mouchards qui pénètrent dans les milieux d’avant-garde pour y recueillir des renseignements pouvant intéresser les maîtres du pouvoir. Les « fonds secrets » permettent aux gouvernants de poursuivre tranquillement leur travail abject de corruption. Ils achètent avec cet argent les âmes et les consciences de tous les lâches prêts à se vendre aux plus offrants et engraissent une armée de parasites pour lesquels on ne peut avoir que le plus profond mépris. « L’argent n’a pas d’odeur », dit un proverbe, et il importe peu à celui qui touche aux fonds secrets de commettre des bassesses ; mais à nos yeux, quel qu’il soit, il ne peut être qu’un être répugnant.

La bourgeoisie a bien organisé sa défense. La fin, pour elle, justifie les moyens, et tous les moyens, propres ou malpropres, susceptibles de consolider sa puissance, lui semblent bons. Pour lutter contre toute l’orga-