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technique modernisée l’amour du beau et du vrai. Inconscience et machinisme ne représentent point la dernière phase du progrès ; les instruments mécaniques valent comme moyens seulement, ne l’oublions pas. – L. Barbedette.


MÉTRIQUE (système) n. m. (du latin, metricus ; en grec, métrikos). Le système métrique est l’ensemble des mesures qui ont le mètre pour base. Le système métrique est décimal, parce que les multiples et les sous-multiples des diverses unités varient comme les puissances de dix. Ce système est établi sur les bases suivantes :

a) Pour chaque espèce de grandeurs, les différentes unités sont des multiples ou des sous-multiples décimaux de l’unité principale ;

b) Toutes les unités principales dérivent d’une mesure unique : le mètre, l’unité principale de longueur ;

c) Le rapport liant les unités principales des différentes espèces de grandeurs est également décimal.

Antérieurement à la réforme du système des poids et mesures, les systèmes en vigueur présentaient de graves inconvénients. Ils étaient loin d’être simples et uniformes. Les subdivisions des diverses unités se déduisaient mal les unes des autres ; des mesures portant le même nom variaient d’une région à l’autre. Il en résultait des difficultés extrêmes pour les calculs. C’est ainsi que nous rencontrons parmi les anciennes mesures qui avaient généralement cours avant l’établissement du système actuel : la toise, valant environ 1 m. 94 ; le pied, qui valait le 1/6 de la toise, soit environ 0 m. 323 ; le pouce, représentant le 1/12 du pied et valant 0 m. 027 ; la ligne, représentant le 1/12 du pouce et valant 0 m. 002.

Déjà, différents rois de France avaient songé à remédier aux inconvénients des anciens systèmes de mesures. L’Assemblée Constituante réalisa cette pensée et un décret du 8 mai 1790 décida l’uniformité des poids et mesures pour l’étendue de la France. Pour donner à ce système une base invariable, on eut la pensée de la prendre dans les dimensions du globe. Une commission de savants, parmi lesquels figuraient Laplace, Monge et Lagrange, proposa de fonder le nouveau système sur une unité de mesure fondamentale naturelle qui devait être invariable et facile à trouver. En même temps elle décida de donner à tout le système la forme décimale, ce qui est sans conteste le plus grand progrès accompli dans le domaine des poids et mesures (voir ce mot), et elle établit que pour toutes les mesures de longueurs, de contenu et de poids, une unité déterminée de longueur : le mètre, servirait d’étalon.

Pour établir l’unité fondamentale du nouveau système métrique, il fallut exécuter, avec des méthodes perfectionnées, d’observation et de calcul, des mesures de degrés aussi exactes que possible sur un méridien, c’est-à-dire sur un arc d’ellipse perpendiculaire à l’équateur et passant par les deux pôles, de l’axe de la terre (voir Méridien). Les astronomes Méchain et Delambre mesurèrent le grand arc méridien entre Dunkerque, sur la côte septentrionale de la France, et Barcelone, sur la côte nord de l’Espagne. Ce méridien fut ensuite prolongé, pendant les premières années du xixe siècle, en 1806, jusqu’à l’île de Fermentera, à l’ouest des îles Baléares, par les astronomes Biet et Arago, qui furent chargés de collaborer aux mesures entreprises par Méchain et Delambre afin d’en activer l’achèvement. Ils terminèrent donc la mesure de l’arc de méridien en question et calculèrent qu’un méridien entier devait contenir 20.522.960 toises et que la longueur du 1/4 du méridien, c’est-à-dire la distance du pôle à l’équateur, était égale à 5.130.740 toises. Cette longueur a été divisée par dix millions et on a trouvé pour la longueur du mètre 0 toise 513.074 ou 443.296 lignes de Paris, ou encore 3 pieds, 11 lignes 296 millièmes, On construisit alors trois barres de platine ayant

cette longueur, qui furent déposées aux Archives Nationales et, ce fut la longueur d’une de ces barres, prise à la température de zéro degré centigrade, qui constitua le mètre. Avec le temps ces mètres étalons s’usèrent considérablement par suite des nombreuses comparaisons pour lesquelles on les utilisa et à cause de la résistance insuffisante du platine. On décida donc, en 1872, de reconstruire de nouveaux prototypes du mètre avec un alliage de métaux particulièrement résistant et en leur donnant une forme spéciale. C’est donc cette unité qui est devenue la base du système métrique des mesures, dont les principaux avantages sont de ramener le calcul des grandeurs rapportées aux mesures métriques au calcul des nombres entiers et décimaux, et de faire dépendre le poids d’un corps de son volume et de son poids spécifique.

Un décret du 2 novembre 1801 avait rendu le système métrique obligatoire, mais à la suite de vives protestations, le gouvernement autorisa la fabrication de mesures, dites usuelles, qui portaient le nom des anciennes, mais qui étaient en rapport exact avec les nouvelles ; ainsi il y eut un pied égal au tiers du mètre, une toise de deux mètres, etc.

Ce n’est que depuis la loi du 4 juillet 1837, exécutoire à partir du 1er janvier 1840, que le nouveau système a été rendu officiellement exclusif, qu’il a été accepté effectivement par les masses. Un grand nombre de nations ont adopté le système métrique, qui comprend les unités de longueur, de surface, de volume, de capacité et de poids.

Mais la base fondamentale du système métrique n’est rien moins qu’invariable. En effet, le rapport du mètre à la circonférence de la terre est arbitraire difficile à obtenir et n’est mesurable qu’avec inexactitude. Cette opération est toujours susceptible d’un perfectionnement ultérieur avec les progrès de la science. Les mesures exactes d’arcs de méridien qui ont eu lieu au cours du xixe siècle, établissent qu’aujourd’hui le mètre étalon se trouve être trop court d’environ 2/10 de millimètre (exactement 19/100e de mm.). Les savants ont estimé qu’il était inutile de recommencer, pour un écart si faible, les longues et minutieuses expériences qui ont servi à établir l’étalon prototype. Le mètre est donc, comme les autres unités anciennes, une mesure conventionnelle ; il ne représente donc plus, actuellement, exactement la dix millionième partie du quart du méridien terrestre, et il convient de le définir comme suit : le mètre est la longueur, à la température de zéro degré centigrade, d’une barre de platine iridié – prototype international – en forme d’X, déposée au bureau international des poids et mesures, au pavillon de Breteuil, à Sèvres, près de Paris.

Notre système métrique comprend six espèces d’unités qui sont : le mètre pour les mesures de longueurs ; le mètre carré pour les mesures de surface ; le mètre cube pour les mesures de volume ; le litre pour les mesures de capacité ; le gramme pour les mesures de poids ; le franc pour les monnaies. Pour évaluer avec plus de facilité les diverses grandeurs on emploie avec les unités principales, des multiples et des sous-multiples décimaux de ces unités. Les multiples se forment à l’aide des mots grecs suivants placés devant le nom de l’unité principale : Déca qui signifie dix ; hecto qui signifie cent ; kilo qui signifie mille ; myria qui veut dire dix mille. Les sous-multiples s’expriment à l’aide des mots latins suivants que l’on place comme les précédents, devant l’unité principale : déci qui veut dire dixième ; centi qui veut dire centième ; milli signifiant millième.

Mesures de longueur : Mesures servant à évaluer l’étendue considérée sous une seule dimension : la longueur. Le mètre en est l’unité principale. Les multiples du mètre sont le décamètre, l’hectomètre, le kilo-